Philippe CLAUDEL
LES AMES GRISES
en version numérique
Mon Kindle est venu s'adosser tout naturellement aux tranches de mes livres et le voici dans ma bibliothèque où se sont installés, au fil des années, des centaines de volumes. Ils l'ont d'abord regardé avec méfiance puis curiosité, mais il est trop petit pour être menaçant! Alors ils se sont concertés, ils ont consulté toute la sagesse qu'ils portent en eux, celle des Anciens, les Grecs, les Romains, celle des Modernes...c'est qu'ils n'en manquent pas de sagesse, forcément, c'est même leur meilleure part!
Ils ont débattu avec passion, certains brandissaient la tradition, annonçant les pires catastrophes, d'autres avançaient des arguments esthétiques, bombant leur couverture, d'autres encore, les plus jeunes peut-être, venaient se frotter timidement contre l'objet magique...ils pouvaient donc tous être contenus là-dedans?
En tendant l'oreille, j'ai même entendu quelques opportunistes se féliciter à voix basse de n'avoir plus à se serrer sans cesse les uns contre les autres pour faire de la place au dernier né sur les étagères encombrées.
On allait enfin pouvoir prendre ses aises!
La sagesse l'a emporté. Chacun a repris sa place, toute sa place sur son étagère et dans mon cœur. Et j'ai entamé ma première lecture numérique. Le doigt glisse, le texte file en douceur, en silence. Le roman est là dans toute sa plénitude. L'écrivain et son œuvre m'ont été donnés sans réserve.
Le roman de Philippe Claudel, Les âmes grises, s'impose d'abord à moi par la puissance du style. Le récit n'existe que par la voix du narrateur, ce policier entêté, douloureux, abattu. On ne sait du réel que ce qu'il en voit, que ce qu'il en dit, aux autres, mais surtout à lui-même. Nous sommes sans cesse plongés dans sa conscience, quand il décrit les lieux, quand il évoque les acteurs des drames qui émaillent le texte. C'est lui qui jauge les événements, qui pèse les actions et les réactions. Ce sont ses doutes, ses peurs, ses colères, ses souffrances qui nous sont livrés. Nous finissons par être lui-même et nous mêlons nos pensées aux siennes jusqu'à cet aveu final qui est un peu le nôtre.
Les âmes grises...nous sommes tous des âmes grises, bien capables de devenir noires si les circonstances s'y prêtent. Cette angoisse court dans Le rapport de Brodeck. On sait Philippe Claudel grand admirateur du Giono d'après- guerre. Qu'on relise Un roi sans divertissement. On y retrouvera ce face à face de l'homme avec lui-même, on le verra confronté à la séduction du mal, on le verra "misérable" et sans force, on y lira ce goût du sang qui fait notre histoire commune.
Le roman de Philippe Claudel, Les âmes grises, s'impose d'abord à moi par la puissance du style. Le récit n'existe que par la voix du narrateur, ce policier entêté, douloureux, abattu. On ne sait du réel que ce qu'il en voit, que ce qu'il en dit, aux autres, mais surtout à lui-même. Nous sommes sans cesse plongés dans sa conscience, quand il décrit les lieux, quand il évoque les acteurs des drames qui émaillent le texte. C'est lui qui jauge les événements, qui pèse les actions et les réactions. Ce sont ses doutes, ses peurs, ses colères, ses souffrances qui nous sont livrés. Nous finissons par être lui-même et nous mêlons nos pensées aux siennes jusqu'à cet aveu final qui est un peu le nôtre.
Les âmes grises...nous sommes tous des âmes grises, bien capables de devenir noires si les circonstances s'y prêtent. Cette angoisse court dans Le rapport de Brodeck. On sait Philippe Claudel grand admirateur du Giono d'après- guerre. Qu'on relise Un roi sans divertissement. On y retrouvera ce face à face de l'homme avec lui-même, on le verra confronté à la séduction du mal, on le verra "misérable" et sans force, on y lira ce goût du sang qui fait notre histoire commune.
Résumé du livre
A l'hiver 1917, dans un village du nord de la France
tout près duquel les combats font rage, une fillette d'une dizaine
d'années est retrouvée morte, assassinée sur le bord d'un petit cours d'eau. Des années plus tard, retraité, le policier qui a mené l'enquête raconte ce qui a suivi. Qui a tué Belle
? Un maraudeur de passage ? Le petit soldat breton déserteur ? La
solidarité de classe n'aurait-elle pas épargné le coupable en la
personne du procureur Destinat, personnage impitoyable et glacé ? Et comment expliquer le suicide de la jeune institutrice, Lysia, si pleine de vie ? A partir d'une énigme à la Simenon, Philippe Claudel a construit un roman puissant, à la progression dramatique impressionnante, tableau saisissant d'une France provinciale plongée dans le cauchemar de la guerre.
Il a aussi analysé, avec une lucidité et une finesse psychologique sans
faille, les rapports troubles que le bien et le mal entretiennent en
chacun de nous, faisant à jamais de nos âmes des 'âmes grises' .
Philippe CLAUDEL, Les âmes grises, Editions Stock, 2003.
Philippe CLAUDEL, Les âmes grises, Editions Stock, 2003.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire