jeudi 9 août 2012

Soirée magique dans la Cour d'honneur du Palais des Papes




       



        LA   MOUETTE    de   TCHEKHOV



        Mise en scène d'Arthur NAUZYCIEL














                             Des mouettes, la scène en est saturée! Tous les acteurs sont des mouettes, sous leur masque de tragédie antique. Ils viennent nous raconter une histoire d'acteurs en mal de jouer la comédie, d'écrivains en souffrance, enchaînés à leur tâche. Ils incarnent des êtres humains prisonniers de leur histoire et de leur passé, de leur orgueil aussi, des êtres humains qui se déchirent de trop s'aimer. Tchekhov nous est donné tout entier par cette mise en scène lumineuse et son texte s'épanouit pleinement dans un décor de noir brillant. On dirait du Soulages!
La gestuelle, les évolutions, la résonance du texte constituent une œuvre d'art qui sublime la pièce de Tchekhov. C'est un spectacle total qui nous est offert, gestuelle du théâtre et langage bien sûr, mais aussi danse et chant. Arthur Nauziciel a composé un hymne à Tchekhov, mieux un hymne au théâtre.

Quel étonnement de voir des spectateurs quitter les gradins pendant la représentation ou à l'entracte pour les plus courtois! Ils ont tant perdu à ne pas se laisser emporter dans cette exaltante et profonde analyse de l'âme humaine! 
Ils  avaient la chance de renouer avec la tragédie antique d'Eschyle ou de Sophocle, à cette époque lointaine où l'on venait au théâtre, non pas pour se "divertir", mais pour "se purifier" par la terreur et la pitié qu'inspiraient les héros en proie à leur destin. Au théâtre "se jouait" l'essentiel. On s'y occupait de son être!
Mais tant de spectateurs aussi sont restés, immobiles sur leur siège, fascinés, envoûtés, conscients d'assister à un événement essentiel pour eux et pour le théâtre!

          

  • Distribution, mise en scène et adaptation Arthur Nauzyciel
    traduction André Markowicz, Françoise Morvan
    scénographie Riccardo Hernandez
    lumière Scott Zielinski
    chorégraphie Damien Jalet
    musique Winter Family, Matt Elliott
    son Xavier Jacquot
    costumes José Lévy
    masques Erhard Stiefel  

    avec Marie-Sophie Ferdane de la Comédie-Française, Xavier Gallais, Vincent Garanger, Benoit Giros, Adèle Haenel, Mounir Margoum, Laurent Poitrenaux, Dominique Reymond, Emmanuel Salinger, Catherine Vuillez
    et les musiciens Matt Elliott ainsi que Ruth Rosenthal et Xavier Klaine (Winter Family)

    Production
    production Centre dramatique national Orléans/Loiret/Centre
    coproduction Festival d'Avignon, Région Centre, CDDB-Théâtre de Lorient Centre dramatique national, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène nationale, Maison des Arts de Créteil, Le Parvis Scène nationale Tarbes Pyrénées, Le Préau Centre dramatique régional de Basse-Normandie Vire, Le phénix Scène nationale de Valenciennes, Théâtre national de Norvège, Maison de la Culture de Bourges Scène nationale et France Télévisions
    avec le soutien de l'Institut français et de la Ville d'Orléans
    Par son soutien, l'Adami aide le Festival d'Avignon à s'engager sur des coproductions.


Une journée au Festival d'Avignon ...suite...

La petite salle du Théâtre de L'Albatros sert de cadre intimiste à ce délicat monologue où s'ouvrent, au creux des phrases, des perspectives infinies.

 

 

 Chronique d'une mère ordinaire

de Véronique Daniel, mis en scène par Alain Bonneval
Une mère racontée par sa fille, le terreau d'amour, de ressentiment, de bonheur, de culpabilité, de manipulation, de nostalgie, de drôlerie.
Après la vie de Marguerite Duras et de Simone de Beauvoir, Véronique Daniel rend hommage aux femmes ordinaires, ni martyres, ni héroïnes, un roman familial, un miroir tendu dans lequel se reconnaître. Un récit ponctué de chansons où la petite histoire se mêle à la grande histoire."Ne plus juger, reprocher, regretter comme lorsque j'étais adolescente, mais comprendre tout simplement, comprendre le roman de cette femme"

Auteur : Véronique Daniel
Artistes : Véronique Daniel
Metteur en scène : Alain Bonneval


               Véronique Daniel entre sur scène, c'est à dire dans un salon au mobilier un peu suranné. Une poupée s'ennuie dans un fauteuil ancien, un projecteur fait défiler de vieilles photos, un tourne disques chante des airs oubliés et une femme évoque le passé, le passé de sa mère surtout qui croise les événements de l'histoire. 

Le texte est d'une justesse sans faille, entre émotion, révolte, humour, admiration et le jeu de l'actrice est bouleversant de vérité, mais d'une vérité que l'art met suffisamment à distance pour nous atteindre à  la fois dans la part la plus individuelle de notre être et dans la part universelle que nous portons en nous. 
En effet, on se reconnaît facilement dans tel comportement, telle évocation...c'est notre mère à nous dont parle Véronique Daniel!  Elle nous touche au plus près, au plus profond. Et, ce faisant, elle nous introduit dans une communauté qui nous englobe et nous dépasse.

Chronique d'une mère ordinaire est un moment privilégié et qui demeure, précieux, au cœur du spectateur.

 


 

Une journée au Festival d'Avignon

Une journée, la dernière du Festival d'Avignon, le 28 juillet 2012, une journée à courir des scènes diverses et éclatées, à rire, à s'émouvoir, à s'extasier, à méditer...

Et pour commencer le Théâtre Off.

La première scène est celle du Théâtre des Carmes où André Benedetto accueillait un double spectacle sur l'Odyssée.


                         Une Odyssée...d'après Homère

                         par la Compagnie Irina Brook

avec                  Raphaël Laguillon, Ysmahane Yaquini
                         Renato Giuliani , Tony Mpoudja

Adaptation        Irina Brook et Jean-Claude Carrière
Mise en scène   Irina Brook.






         Un professeur commence son cours en lisant tout naturellement le texte de l'Odyssée en Grec et, sous les protestations de ses élèves,se résout à la traduction. Les élèves sont dans la salle, parmi les spectateurs. Soudain, on les voit bondir sur scène, s'emparer du livre et du professeur et s'embarquer sur un vaisseau sur les traces d'Ulysse.
Le héros homérique s'incarne sous nos yeux, c'est un élève qui prend la tête de l'expédition. 
Homère a la tête qui tourne et son épopée a le vertige. Les épisodes se succèdent sur un rythme effréné, le Cyclope, Circé, les Lotophages...gags et travestissements délurés secouent la salle de rires. Le professeur n'est pas le moins survolté.

Mais au-delà de ce délire des corps et du langage, Homère est toujours présent, Homère qui nous livre l'aspiration profonde de l'aventurier à rentrer au port, à se retrouver tel qu'en lui-même.
La dernière scène où Pénélope et Ulysse sont réunis est inventive et tendre. L'épreuve de l'arc tendu est remplacé par une danse. Les prétendants, cocasses, s'y contorsionnent sans succès et l'on voit le mendiant, recouvert de son grand manteau, exécuter une parade amoureuse pour Pénélope.

 C'était une belle Odyssée, effrontée et généreuse, que les quatre acteurs ont offerte à un public enthousiaste.

Mais le spectacle continue au Théâtre des Carmes  avec...


                        La  Pelle du  Large...d'après Homère

                        par la Compagnie Philippe Genty

avec                 Hernan Bonet, Antoine Malfettes, Yoanelle Stratman

Direction 
artistique           Philippe Genty et Mary Underwood







               Commençons par savourer le jeu de mots...La Pelle du Large...C'est bel et bien une pelle qui sert à construire le bateau que les comédiens font apparaître sous nos yeux, avec également une brosse, un tourne vis, un éventail, quelques bonbons bien enveloppés dans leur papier brillant en guise d'équipage... ce qui explique que certains marins seront mangés ( et oui, nous sommes dans l'Odyssée) et qu'on accueillera des matelots "sans papier". Les plaisanteries, comme on le voit, fusent pour le plus grand bonheur des spectateurs conquis.
Voici, évoquées, avec ce bateau que des enfants pourraient bricoler, les aventures merveilleuses de l'épopée. Les acteurs sont les marionnettistes virtuoses de ce théâtre dans le théâtre qui nous parle de fuite, d'exil, de métamorphose, de retour au pays, de fidélité aussi et d'amour.