lundi 20 février 2012

Le rêve et le réel





Pierre CENDORS, ENGELAND


Il est des moments rares dans la vie d'un lecteur assidu, des moments de pur bonheur: voilà qu'il tient entre les mains un roman qui parvient à répondre à toutes ses attentes, même les plus exigeantes!

Il lit sans piper mot, soufflé, subjugué.

Et, une fois le livre refermé, comme il n'en est pas revenu, il l'ouvre de nouveau, à la recherche de la faille. Il va bien trouver un défaut, un reproche possible, même tout petit, à se mettre sous la dent!

Voyons...la construction narrative?...rigoureuse et déroutante, tout en rupture et en continuité aussi....

Le narrateur?...des voix qui se croisent, s'entremêlent, se font écho, cependant que domine une ligne musicale majeure, celle de Fausta K.

La narration?...une histoire complexe, ou plutôt des histoires qui concourent, chacune, à la réalisation de l'intrigue centrale, une enquête sur une disparition, une enquête palpitante aux nombreux rebondissements.

L'enjeu?...C'est précisément l'enquête, l'enquête sur soi, la recherche de soi jusqu'aux limites de l'humain.

Les personnages?...mystérieux, bouleversants, héros du roman, bien sûr, mais aussi les autres, tous les autres qui gravitent autour sans être pour autant des comparses.

Le cadre?...mouvant dans l'espace et le temps, dans la durée d'une vie "au-delà du regard".

L'écriture?...Serait-ce le meilleur? Un style fin et délicat, simple et poétique, mais aussi ardu et mystérieux...c'est selon... selon le moment, l'état du personnage, les enjeux de la situation...un style en constante métamorphose, en adaptation souple, un style qui "va de soi", à son rythme.

Et l'émotion? La pensée qui court et se cherche aux confins de la philosophie?

Il faut bien l'admettre: Engeland est de ces romans qui laissent des empreintes profondes. Il ne quitte pas le lecteur mais s'enracine en lui.


Mais de quoi s'agit-il?

Berlin, 1930. Fausta K. une jeune photographe, se lance à la recherche d'un ami d'enfance disparu sans laisser de traces. L'enquête commence. L'héroïne fréquente les milieux de l'avant-garde artistique berlinoise, ainsi qu'une Ecole de Photographie, traverse la guerre, erre çà et là, atteint la ville de Pripyat, non loin de Tchernobyl...


Pierre Cendors, Engeland, Editions Finitude, 2010.







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