Hélène Lenoir, Pièce rapportée
Une émotion parcourt ce roman, l'émotion d'une femme, Elvire, qui a mari, enfants et belle famille. Un événement brutal agit en elle comme une lame de fond qui amène à la surface et livre à la lumière des souffrances et des amertumes depuis longtemps accumulées.
C'est un accident qui touche Claire, sa fille de vingt-quatre ans. Renversée par un motard, elle sombre dans le coma et n'en sortira que pour errer dans une convalescence incertaine et périlleuse.
C'est un accident qui touche Claire, sa fille de vingt-quatre ans. Renversée par un motard, elle sombre dans le coma et n'en sortira que pour errer dans une convalescence incertaine et périlleuse.
Assez vite, dans le récit haletant qui se met en place, Frédéric, le père de Claire et mari d'Elvire, apparaît comme un obstacle, un adversaire,un ennemi. Un gouffre d'incompréhension semble le séparer de sa femme.
La narration est prise en charge par Elvire dont la conscience perçoit et interprète les événements. Le style avance à tâtons, trébuche et s'empêtre au gré de cette focalisation. Les émotions, les peurs, les paniques, les angoisses sont enregistrées par les mots, parfois seconde après seconde. Le texte respire au rythme des pulsations de l'héroïne, et le plus souvent il a du mal à respirer tant Elvire étouffe.
Peu à peu se compose sous nos yeux une histoire familiale, faite de douleurs, d'échecs, de mésententes, de haines et de coups bas. Quand l'amour avance, c'est à pas comptés, et parfois on le voit se dissoudre dans une amère déception.
On voit ici se rejouer le drame du bouc émissaire: Elvire, seule contre tous, permet au clan de se ressouder. Le clan, c'est la famille de Frédéric où elle se sait "pièce rapportée". Son exil autorise le rapprochement de Claire et de son père. Tous voient en elle la "bête noire" dont l'éviction est la solution à tous les problèmes. Elle est cette "pièce rapportée", inadéquate et toujours étrangère.
On pourra trouver dans la pensée de René Girard les clés explicatives de ce roman. Philosophie Magazine a consacré un numéro spécial au philosophe et ce blog s'en est fait l'écho enthousiaste.
L'enjeu de ce roman est donc d'importance. Cependant l'écriture, à n'être que le réceptacle désordonné des pensées et des émotions de l'héroïne, s'englue dans des automatismes. Le lecteur se lasse des tournures indécises, des formules inachevées qui sacrifient la réflexion à l'immédiateté. Cette écriture ne s'enferme-t-elle pas dans des procédés qui restreignent la portée du récit?
Quant à la fin, est-ce une chute? N'y a-t-il pas de fin? Quelles sont les intentions de l'auteur?
Autant de questions qui laissent le lecteur un peu désappointé!
L'histoire porte en elle des promesses qui n'ont peut-être pas été tenues.
La narration est prise en charge par Elvire dont la conscience perçoit et interprète les événements. Le style avance à tâtons, trébuche et s'empêtre au gré de cette focalisation. Les émotions, les peurs, les paniques, les angoisses sont enregistrées par les mots, parfois seconde après seconde. Le texte respire au rythme des pulsations de l'héroïne, et le plus souvent il a du mal à respirer tant Elvire étouffe.
Peu à peu se compose sous nos yeux une histoire familiale, faite de douleurs, d'échecs, de mésententes, de haines et de coups bas. Quand l'amour avance, c'est à pas comptés, et parfois on le voit se dissoudre dans une amère déception.
On voit ici se rejouer le drame du bouc émissaire: Elvire, seule contre tous, permet au clan de se ressouder. Le clan, c'est la famille de Frédéric où elle se sait "pièce rapportée". Son exil autorise le rapprochement de Claire et de son père. Tous voient en elle la "bête noire" dont l'éviction est la solution à tous les problèmes. Elle est cette "pièce rapportée", inadéquate et toujours étrangère.
On pourra trouver dans la pensée de René Girard les clés explicatives de ce roman. Philosophie Magazine a consacré un numéro spécial au philosophe et ce blog s'en est fait l'écho enthousiaste.
L'enjeu de ce roman est donc d'importance. Cependant l'écriture, à n'être que le réceptacle désordonné des pensées et des émotions de l'héroïne, s'englue dans des automatismes. Le lecteur se lasse des tournures indécises, des formules inachevées qui sacrifient la réflexion à l'immédiateté. Cette écriture ne s'enferme-t-elle pas dans des procédés qui restreignent la portée du récit?
Quant à la fin, est-ce une chute? N'y a-t-il pas de fin? Quelles sont les intentions de l'auteur?
Autant de questions qui laissent le lecteur un peu désappointé!
L'histoire porte en elle des promesses qui n'ont peut-être pas été tenues.
Hélène Lenoir, Pièce rapportée, Editions de Minuit, 2011.